Saumos à travers l’Histoire

LES ORIGINES

Les hypothèses émises au XIXe siècle, qui donnaient une origine grecque aux communes aux noms en os ou qui,
fantaisistes, entrevoyaient la pêche au saumon dans le nom de Saumos, sont désormais abandonnées par les spécialistes. La thèse retenue aujourd’hui, notamment par B. et J.-J. Fénié, tient compte des dernières connaissances sur lesorigines du peuplement.
Les Aquitains de la région du Pays de Buch et du Sud Médoc correspondraient à des tribus celtiques venues de
l’Est avant le IIIe siècle avant J.-C. (2ème âge du Fer) ; ils auraient porté aux peuples plus anciennement établis (Ibères ?), chasseurs et pêcheurs plus ou moins nomades, des techniques agricoles plus évoluées.

Les noms en os correspondraient à un nom de personne celtique, installée sur le site, auquel le suffixe ibère os serait accolé pour signifier :  » chez …  » ou  » domaine de … « .
On n’a aucun document concernant l’époque gallo-romaine pour Saumos et ses environs ; la région, semble-t-il,
était couverte d’une forêt mixte poussée dans le sable, ou de landes à bruyère par suite de destructions par incendies ou du fait des troupeaux.

Au début du Moyen-Age, la détérioration des conditions de vie fut liée à une série d’invasions et de dévastations ; le premier document concernant la région est le Guide des pèlerins de St-Jacques de Compostelle, écrit au XIIe siècle : « … Puis, pour traverser les landes bordelaises, il faut trois jours de marche à des gens déjà fatigués. C’est
un pays désolé, où l’on manque de tout ; il n’y a ni pain, ni vin, ni viande, ni poisson, ni eau, ni sources ; les villages sont rares dans cette plaine sablonneuse qui abonde cependant en miel, millet, panic (sorte de millet) et en porcs. Si, par hasard, tu traverses les landes en été, prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas et qu’on appelle guêpes ou taons ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t’enfonceras rapidement jusqu’au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant… « .

La pelagre et le paludisme faisaient de gros ravages dans la population. Les cartes, dessinées plus tard, indiquent une voie par laquelle les pèlerins, venant de Sainte Hélène, passaient par Saumos pour se diriger vers la Commanderie du Temple. C’est le moment où Saumos est désigné comme centre de la paroisse.
Il apparaît que le premier site, anciennement le plus important, était Courgas (le grand) sur la Berle, rivière à
méandres, et au sol plus fertile que les sables environnants : les premiers actes parlent de Saint-Amand de Courgas. Cette ancienne dénomination de la paroisse de Saumos se retrouve, nous dit l’abbé Baurein,  » dans le testament, en date du 13 mars 1343, de noble et puissant Baron le Seigneur Jean II de Grely, qui étoit Captai de Buch et Seigneur de
Puypaulin de Bordeaux. Cette paroisse fut une de celles auxquelles ce Seigneur laissa à chacune la somme de 20
sols une fois payée, pour servir au luminaire de leur église M1 . De même, les lieux-dits Capère Vieilhe (Chapelle
Vieille) ou encore Cimetière des Anglais se situent eux aussi dans le secteur du Grand Courgas.
Il y a eu sans doute là une église en bois. A-t-elle été réellement détruite par les Normands ? Il est possible qu’une
chapelle, dédiée à Saint Siméon y ait existé autrefois. L’édification de l’église de Saumos, en pierre et dont des éléments ont été datés du XIIe siècle, doit être en rapport avec le développement des pèlerinages de Saint-Jacques.

SAUMOS AU XVII SIECLE, SOUS L’ANCIEN REGIME


Cadre géographique

La paroisse de Saumos, nous précise Baurein,  » est bornée au levant par celle de Sainte-Hélène, au midi par le
Temple de Sautuges, au sud-ouest par la paroisse du Forge, et au nord-ouest par celle de Lacanau. Saumos est placé à quatre petites lieues de distance de Castelnau, et à six grandes lieues de Bordeaux. (…)- Cette paroisse a deux
lieues de circonférence… « 

Les plus anciens témoignages écrits ou cartographiés datent du début du XVIIIe siècle. Saumos est toujours situé dans le  » désert humain  » qui sépare Bordeaux de la côte, où n’existe qu’un seul bois : le bois de Moulugat.
Les conditions de vie restent difficiles ; l’ingénieurgéographe Claude Masse qui, de 1688 à 1723, travailla à
lever la carte des côtes du Médoc et du Pays de Buch, décrivait ainsi les landes qui entourent  » la mer d’Arcachon  » :
 » Tout le pays (…) est en landes ou bruyères d’une vaste étendue. N’y ayant de terres cultivées que celles aux environs
des bourgs et des villages et hameaux et le surplus du terrain étant de vastes plaines d’un fond de sable dont la superficie ne produit que des broussailles, ajoncs et arbustes appelés dans le pays jaugues ou en général landes ou bruyères qui ne sont propices qu’à paistre les chèvres, moutons, vaches à demi sauvages et petis chevaux (…). La superficie de ces landes est noyée en temps de pluie, principalement l’hiver et l’été, brûlée par l’ardeur du soleil ou, en temps sec, trop desséchée, ce qui est cause que les arbres ont peine à y croître ; aussi ne s’y trouve-t-il que quelques bosquets de bois taillis très raboteux et très peu vigoureux, excepté dans les terres labourées qui sont vers les centres des bourgs… Les paroisses sont toutes habitées par d’assés bons Faisans, Pastres et Bergers qui paroissent en leurs abits fort pauvres étant la plupart habillés de peau de mouton et ne laissent pas d’être communément aisés quoy qu’ils aillent partie de l’hiver et de l’Eté et autre Saison pieds et jambes nues et ne portent point de chapeaux mais seulement des toques ou barettes, et quand ils veulent dire des injures aux Etrangers, ils les appellent capettes, méprisant beaucoup ceux qui portent des chapeaux « 

Saumos était alors constitué de quatre villages ( » le grand et le petit Courgas, le Bos et Sérigas « ) et du bourg
autour de l’église : les secteurs habités et cultivés, bordés de quelques parcelles de pins gemmés, étaient séparés par de vastes étendues de landes – les  » vacants du seigneur  » – laissées au pacage, collectif et gratuit, des troupeaux, avec
constructions de parcs (oucourtious) ; les bergers circulaient sur les échasses, mais les brebis étaient souvent maintenues en hiver dans ces parcs car elles servaient surtout à fournir le fumier nécessaire à la production des céréales (seigle et millet). Quant à l’élevage des abeilles dans les bournacs, il fournissait le miel.
« Les trois-quarts du territoire de (Saumos) sont bordés par un large fossé, qui commence au-dessus du village
de Sautuges, paroisse du Temple, et qui sert de débouché à une grande quantité d’eaux pluviales, qui, au moyen de ce
fossé, vont se décharger dans l’étang de Lacanau. On a donné le nom d’Eyron à ce fossé, qui, pour se servir du terme
du pays, est plutôt une craste de peu de profondeur, et que les charrettes traversent sans risques, qu’un fossé proprement dit « ;

Sur des cartes anciennes, apparaissent aussi les crastes Castagnot et Courtieux, l’une et l’autre dites  » fossés pour ‘écoulement des eaux « . Au début du XVIIIe siècle, la population se composait de 80 feux, d’après Masse ; mais c’est aussi le chiffre que nous donnent, pour les environs de 1785, les Variétés Bordelaises :  » Cette paroisse (de Saumos) est éloignée de six lieues de la rivière et du port de la Marque, aussi est-il rare qu’on y embarque des denrées. Il ne se fait aucun commerce dans Saumos ; les habitans, au nombre d’environ quatre-vingts familles,
ne s’occupent que de la culture de leurs fonds, ou de la garde de leur troupeaux « . De fait, la population était surtout composée de paysans – laboureurs, brassiers, gardeurs – et de quelques résiniers. C’était, comme dans les paroisses voisines,  » une communauté profondément rurale, mais non agricole « .
Il convient de noter cependant, tout au long du XVIIIe, un nombre croissant d’artisans. A titre d’exemple d’artisanat en expansion, signalons que trois moulins à vent existaient à la veille de la Révolution. Près du bourg et, au sud, il y avaient le moulin vieux et le moulin neuf ; quant au troisième, il avait été implanté dans la décennie 1780 par un scieur de long venu du Limousin – Védrenne – sur un terrain qu’il avait acquis près de l’Eyron.

Cadre administratif et ordre social

Les registres paroissiaux portent tantôt Saumos en Buch, tantôt Saumos en Médoc, car, si la paroisse était placée dans l’archiprêtré de Buch et Born au point de vue religieux, elle dépendait – de même que la paroisse du Porge –
de la juridiction de Castelnau. Pour l’administration royale enfin, Saumos se trouvait dans la généralité de Bordeaux.
Saumos appartenait essentiellement à la baronnie de Castelnau , car  » le village de Sérigas est placé dans la
Seigneurie directe d’un Seigneur particulier  » qui n’était autre que le seigneur de Certes – en Buch.
A la veille de la Révolution, après que le duc de Duras, maréchal de France, lui eut vendu en 1788 la seigneurie de Castelnau, le comte Pierre-Constantin de Blangy, lieutenant général des armées du Roi était cependant, sur
Saumos, propriétaire à titre personnel de 25 journaux de landes et de 14 de pignadas (au Bosc ?), tandis que Sérigas
appartenait au seigneur de Certes François Amanieu de Ruât, conseiller au Parlement de Bordeaux.

Le seigneur, propriétaire éminent de toutes les terres cultivées par les paysans  » laboureurs « , leur en reconnaissait, par ses  » baillettes « , la jouissance contre redevances en argent ou en nature payables chaque année en son
château délabré de Castelnau. Qu’il n’habitait guère car à la fin du XVIIP siècle, les seigneurs de Castelnau, possesseurs par ailleurs de bien d’autres seigneuries et titres, étaient de grands personnages qui vivaient à Paris ou à
Versailles, à la Cour du Roi.
Au point de vue social, de multiples redevances seigneuriales pesaient sur les paysans : lods et ventes à chaque succession, cens en argent, agrières, corvées, droit pour moudre le grain – le tout géré par un agent du seigneur. En contrepartie, la population avait la libre jouissance des  » vacants  » incultivables (4/5 du territoire). Les paroissiens de Saumos payaient aussi la dîme au curé –  » le Curé est le seul gros décimateur dans la Paroisse « , souligne l’abbé Baurein – et les impôts royaux : de faibles droits sur le sel (faussement appelés gabelle) car la Guyenne était province rédimée et, surtout, la taille  » réelle  » et source de conflits avec le  » collecteur « , qui n’était autre qu’un habitant de la paroisse.

SAUMOS DE LA REVOLUTION A LA VEILLE
DE LA GRANDE GUERRE

La Révolution et ses suites

Comment furent perçus les événements révolutionnaires ? Il est difficile de le dire. Dans un texte rédigé en
1793 par Brousse, commissaire du district, concernant Le Temple et Saumos, qu’il appelle  » ces pauvres paroisses du
Temple et de Saumos « , l’état d’esprit de la population apparaît-il vraiment ? :  » J’ai eu le mal au cœur dans toutes
les routes, en voyant devant toutes les maisons des croix.
C’est une idolâtrie qui ne couteroit guère à détruire d’après les grandes vérités que j’ai eu soin de dire à tous ces pauvres gens qui croient toujours voir leur Dieu dans ce morceau de bois. Mais ce qui m’a le plus indigné, c’est que,
m’étant rendu, dans la paroisse de Saumos, j’ai vu une croix missionnaire avec 3 fleurs de lis… ».

Saumos commune

La paroisse, devenue commune (décret du 12 novembre 1789) et forte de quelque quatre cents habitants – elle
en comptera précisément 503 en 1805 -, cesse d’être dirigée par les agents du seigneur et le curé ; les textes révolutionnaires et notamment la constitution de 1791 donnent la responsabilité aux habitants les plus imposés – les citoyens actifs, ceux qui paient un impôt direct au moins égal à 3 jours de salaire d’un ouvrier – qui élisent le  » conseil général de la commune « .

Le premier conseil général de Saumos était composé d’un maire et de deux officiers municipaux (c’est-à-dire les adjoints) auxquels se joignaient les notables. Le maire est alors chargé de répartir et recouvrer les impôts sous sa responsabilité personnelle, la Constituante ayant mis sur pied un système fiscal fondé sur trois contributions (la contribution foncière, la contribution mobilière, la patente).
Est-ce un hasard si les premiers maires de Saumos, jusqu’en 1800, furent tous originaires des familles de Sérigas ? Ainsi Jean Fourcan (1790-1792), Pierre Vedrenne (1792-1793), Jean Fourcan (1793-1800) et Jean Dubet (1800-1806).

Les biens nationaux

Après  » mise à disposition de la nation « , des  » biens nationaux « , qu’il s’agisse des biens du clergé (première
origine) ou des biens d’émigrés (deuxième origine) ont été vendus aux enchères.
La presbytère a été adjugé en 1796 au dénommé Puech, qui s’était installé comme curé à Lacanau  » à la place laissée
vacante par l’exécution de l’abbé Mourre  » dès 1793.
Quant aux huit pièces de terre appartenant au comte de Blangy, pour un total d’environ 11 hectares, elle furent adjugées en 1808 au sieur Bacquey, de Saumos. Les anciens  » vacants du seigneur  » (environ 4.000 hectares)
devinrent des communaux toujours laissés gratuitement au pacage des troupeaux des citoyens de la commune, malgré des tentatives d’implantation menées par certains voisins du Temple !

Aspects religieux

La constitution civile du Clergé avait créé une paroisse par commune et obligé les prêtres à prêter un serment de fidélité à partir du 27 novembre 1790. Le curé Sauvestre a certainement refusé ce serment et a disparu de la
commune dès septembre 1791. Jusqu’à l’établissement de l’état civil (20 septembre 1792), les actes religieux (baptêmes, mariages, enterrements) furent indifféremment assurés par le curé de Lacanau (abbé Mourre), celui de Sainte-Hélène, le desservant du temple (Guiraud) ou même le vicaire métropolitain (L archevêque).

Le gouvernement ayant décidé d’enlever une cloche dans chaque commune – pour raison de guerre mais aussi
de philosophie -, le 17 décembre 1793, le commissaire Brousse, chargé plus précisément du recensement des grains,
écrit aux administrateurs du district :
« Je vous enverrai au premier jour la cloche de Saumos. J’ai fait disparaître les signes du royalisme. Quant au fanatisme, je rivalise avec tous mes collègues « .


En 1796-1797, le curé Hibon, jusqu’alors chargé uniquement du Temple, vint aussi officier à Saumos. C’était « un détestable sujet « , scandalisant les paysans eux-mêmes par ses propos dans les cabarets, dansant dans toutes
les assemblées, chantant les chansons les plus obscènes « .
Il continuera à desservir à la fois Le Temple et Saumos jusqu’en 1802. A la suite de son départ, il n’y aura plus de
prêtre à Saumos jusqu’en 1842.

Assainissement des landes

Quand débuta l’assainissement des landes de Saumos ?

La question, pourtant capitale, reste posée.
Les délibérations du Conseil Municipal ne sont archivées que depuis 1839.
Le cadastre de 1832 montre peu de fossés creusés depuis le XVIIIe siècle ; en lisière du Petit-Courgas, on découvre la craste du Petit Courgas, mais il n’y a toujours pas de fossés à l’ouest du Bos ou de Sérigas, ni même au nord de la commune.

Dans un texte concernant Saumos et Le Temple, daté de 1837, Jouannet écrit :

 » Saumos, dans la lande, à 19.000 mètres au S.O. de Castelnau ; ce bourg est entouré de maisons éparses et de quatre hameaux. L’Eyron, espèce de chenal par où s’écoulent les eaux pluviales d’une grande étendue de landes, borde la commune et se rend à l’étang de Lacanau.
Population : 466 habitants.
Les habitations n’y sont point contiguës, comme on serait tenté de le croire d’après ces noms de «hameaux» et
de «villages» ; mais, plus ou moins séparées, elles bordent le périmètre des terrains cultivés, et sont bâties entr’eux et
la lande. Cette disposition est commune à la plupart des oasis de nos landes ; la plupart aussi embrassent quelque
bouquet de chênes ou quelque groupe de pins maritimes soigneusement respectés « .

Eglise, clergé et commune avant la loi de Séparation (1905)

Depuis le Concordat de 1801, les biens de l’Eglise appartenaient aux communes qui en assuraient l’entretien
(églises, sacristies, etc…). Les curés étaient nommés par l’archevêque avec l’accord du maire et ils étaient rétribués
par la commune ; la  » fabrique  » enfin, constituée de laïques, s’occupait des questions matérielles.
Saumos était devenue  » succursale  » du Temple et en 1813-1814, si l’on se réfère à une délibération du Conseil
Municipal de juin 1845, argent et mobilier de la fabrique avaient été transférés à la fabrique du Temple. En 1842, le
Conseil Municipal obtint de l’archevêque que, de succursale, Saumos devienne paroisse. Mgr Donnet, qui fut archevêque de Bordeaux de 1836 à 1882, et qui préconisait partout la construction d’églises neuves, en style néo-gothique pour remplacer les anciennes constructions en mauvais
état, fit une exception pour Saumos qui put conserver sa vieille église : est-ce à cause du faible niveau religieux
auquel étaient tombés les paroissiens ou à cause des problèmes financiers de la commune ?
Sa visite en 1857 fut un événement pour Saumos.

Dès 1845, des réparations importantes et nécessaires furent entreprises au presbytère – sous forme d’une reconstruction – grâce à la coupe des chênes et pins de la parcelle attenante. En 1852, furent envisagées les réparations indispensables à l’église : porche, lambris, couverture, cloche, carrelage ; des fonds furent demandés à l’Etat, sur la base des textes de loi de 1850 et 1853 pour la construction et la réparation des églises et de presbytères… et obtenus.
En 1855, la réparation de la cloche est réalisée grâce à une souscription lancée à l’initiative de la mairie. Ce qui n’empêcha pas le curé de s’opposer à la municipalité car, pour lui, la somme recueillie, devait revenir à la fabrique ;
pour sa défense, le Conseil Municipal argua que cette fabrique était  » mal organisée  » !
Cet  » incident  » apparaît bien mineur au regard des problèmes posés par certains prêtres ; les plus graves furent liés à la personnalité et aux exigences de l’abbé Roumégous, entre 1877 et 1881. Ce curé entendit intervenir
contre certains propriétaires voisins, accusés d’empiéter sur son terrain ; il voulut vendre lui-même les pins du  » presbytère « , dont la commune avait jusque-là laissé la jouissance à la fabrique ; il se faisait payer les enterrements
par les particuliers, alors même qu’il était rémunéré par la collectivité ; il faisait en chaire des attaques personnelles
contre les paroissiens, notamment contre les conseillers municipaux ; il jouait enfin un rôle de  » banquier  » dans Saumos, si bien que le maire, en 1881, demanda et obtint son remplacement par l’abbé Truchon.
Les travaux, qui ont donné à l’église de Saumos son aspect actuel, furent réalisés plus tard, vers 1890. Furent
entrepris alors la construction des voûtes et le percement des ouvertures, les vitraux étant payés par des particuliers.
Quant au déplacement du cimetière, il fut décidé en 1896, et il provoqua le transfert de quelques sarcophages à Saint Seurin, à Bordeaux.

La forêt et les transformations de la commune

Outre le  » bois de Moulugat « , la forêt a toujours existé, en petites surfaces, près des secteurs habités ; elle fournissait la résine – le hournas est un ancien four à brai -, le  » bruc « , le bois d’œuvre et le bois de chauffage.
Le grand changement dans les ressources de la commune et la vie des habitants est étroitement lié d’abord au
développement de la forêt remplaçant les landes, ensuite aux nouveaux produits qu’elle fournit.

Aspects de la vie quotidienne

Jusque là, les maisons construites en pierre d’alios étaient couvertes d’une toiture à pente dissymétrique, haute au niveau des chambres et prolongée par un appentis très bas au niveau de la cuisine et de la  » souillarde  » ; un four
à pain, ouvrant sur la cheminée de la cuisine, la prolongeait vers l’extérieur. Et depuis toujours, plusieurs générations vivaient sous le même toit, constituant  » la famille « .
Les champs de millet et de seigle, de maïs et de chanvre parfois, entouraient la maison avec quelques bois de pins et de chênes.

On élevait toujours des moutons, mais aussi des vaches, des volailles et des porcs ; les abeilles continuaient à fournir le miel. Au nombre des annexes proches de la maison, l’ancestral parc à moutons, un hangar à bois et une écurie pour les mules notamment. Car on circule avec une charrette, tirée par les mules, où en tilbury ; la bicyclette n’apparaîtra qu’à la fin du XIXe siècle, ainsi que le chemin de fer.

Sauf la fréquentation des foires dans les communes voisines, on vivait en économie fermée, si bien que pour
payer les artisans dont les services étaient indispensables (meunier, forgeron, scieur…), une petite pièce de terrain
tenait lieu parfois de rémunération. Il n’y avait pas de poste, ni même de mairie à Saumos – le domicile du maire en tenait lieu – si bien qu’elle se déplaça dans les divers hameaux, notamment sous le Second Empire au gré des nominations par le préfet.
Ainsi, Jean Seguin (1853-1857) résidait-il à Sérigas, l’ancien officier Bertrand Lépine (1860-1865), créateur de l’auberge,
au bourg et le laboureur Léonard Barre (1865-1869) au Bos.

Pendant des décennies, en cas de dépenses anormales, quand on ne lançait pas une souscription, certains habitants faisaient l’avance à la commune, qui remboursait ensuite – en argent ou en parcelle des communaux. Il fallut
attendre que les finances communales fussent désormais plus à l’aise – grâce au développement de la forêt – pour
concevoir des budgets qui permettent la modernisation de Saumos :
– mairie et école – sur le modèle de celle du Pian – envisagées dès 1865,
– transformation de l’église, on l’a vu, après 1889,
– par la suite, construction des routes et des chemins vicinaux.
Et la poste ? La modernisation se fit attendre longtemps. En l’absence de bureau à Saumos, le courrier d’abord
groupé à Castelnau était porté, à pied, au Temple, et redistribué à Saumos. En 1886, la construction de la voie ferrée et de la gare laissait espérer une ère nouvelle. Mais le bureau fut maintenu au Temple, malgré les récriminations
des conseillers municipaux de Saumos : et c’est ainsi que le courrier était débarqué à Saumos, porté au Temple pour
être ensuite redistribué à Saumos !

L’extension de la forêt

La propriété des anciens  » vacants du seigneur  » attribués à la commune fut contestée par les héritiers du baron de Castelnau. Mlle Da Costa, héritière du comte de Blangy, prétendit récupérer les 4.000 hectares de communaux
et attaqua en justice en 1855 Saumos mais aussi Brach, Listrac, Sainte-Hélène, Le Forge, Lacanau, le litige portant
ainsi sur un total de 55.000 hectares de landes. Il s’ensuivit un long procès, finalement gagné par les communes en 1859.

Pour faire face aux frais de procédure, compte tenu de l’absence de ressources de la commune de Saumos, une
souscription fut lancée parmi les habitants. Conséquence logique, à la suite du jugement rendu, les 4.000 hectares
de communaux continuèrent d’abord à être laissés à la disposition des troupeaux des habitants.
Mais la loi de 1857 obligeait les communes à réaliser l’assainissement des landes par le biais des fossés et à semer des pins, par suite des essais fructueux menés fin XVIIIe début XIXe siècle dans le Pays de Buch et dans les
Landes. De plus, le préfet de la Gironde encourageait les communes à vendre des communaux pour augmenter leurs
ressources financières. Il n’y eut pas à Saumos de ventes aux enchères et, partant, d’acquisitions de grandes surfaces par la bourgeoisie bordelaise.

En 1862, le Conseil Municipal de Saumos décidait de vendre des  » concessions  » aux habitants sur environ 1.200
hectares, en petites ou grande surfaces, au voisinage de leurs habitations, avec de longs crédits ; ainsi ont été  » loties  » les landes autour de Sérigas, entre le bourg et Sérigas, autour du Petit et du Grand Courgas, autour du Petit
et du Grand Bos. Souvent cependant, ces landes sont restées des années durant pacages pour les moutons des acquéreurs. Parallèlement, la commune faisait entreprendre des semis à Puy Bacot, Puruillet, Raouze, ce qui ne manqua pas d’entraîner quelques réticences, face à la diminution des pacages collectifs gratuits.

Une première éclaircie des landes communales semées eut lieu en 1888 ; à cet effet, le Conseil municipal
décida que les habitants feraient eux-mêmes pour leur compte l’éclaircie dans les semis de la commune, à charge
de reverser un franc par tonne au budget communal. Désormais, poteaux de mines – exportés vers l’Angleterre – et
résine – portée à la distillerie de Carcans – fournissaient de nouvelles ressources aux particuliers comme à la commune ; celle-ci, en 1911, trouva une nouvelle recette en louant des communaux pour la chasse à courre à M. Cruse.

Ombre à ce tableau forestier de Saumos, les incendies menaçaient. Ainsi en 1891, 150 hectares de pins de 27
ans sont brûlés ; le feu prenait souvent aux abords de la voie ferrée, les machines à vapeur laissant échapper une
multitude d’étincelles.

La population de Saumos à la veille de la Grande Guerre

En dépit des transformations de la commune et de l’extension de la forêt, le XIXe siècle ne fut cependant pas
une période d’essor démographique pour Saumos. En 1845, on comptait 502 habitants, en 1903 : 405 habitants et en
1906 seulement 387 habitants.

Pourtant, en 1884 fut créée une Société de Secours Mutuels. Toujours à la Belle époque, de nouvelles maisons
furent bâties, en briques, sans four à pain, de style plus moderne – comme celle du Porge ou du Médoc. Pourtant, à
la fin du XIXe siècle, les artisans et commerçants étaient nombreux, les professions de plus en plus diversifiées : serrurier, maréchal-ferrant, charpentier, peintre, scieur de long, charbonnier, exploitant forestier, industriel, bûcheron, tailleuse, lingère côtoyaient journaliers et gardeurs.
Le développement du travail du bois et l’activité de minoterie est à cet égard significatif. Le moulin à vent qui
avait été installé au bord de l’Eyron par l’ancêtre limousin, détruit au milieu du XIXe siècle, avait été remplacé par un
moulin à eau, puis à vapeur ; à la fin du siècle, la famille Védrenne, associée à Pierre François, d’abord mécanicien,
puis industriel et marchand de bois, installe sa minoterie à vapeur dans le bourg, à proximité de la gare. A la mort
de Pierre François en 1902, l’activité reprit aussi au moulin d’Eyron. Auparavant, en 1900, M. Conte avait implanté un deuxième moulin à eau en aval de l’Eyron, à Mamic.
De même, les ateliers de sciage se multiplièrent. Initialement, le travail du bois se faisait par des scieries volantes dans les coupes mêmes. Mais au début du XXe siècle, la scierie Dornon s’installa, elle aussi, à proximité de la gare, et la scierie Dumeste en face de l’école.

SAUMOS DEPUIS LA GRANDE GUERRE

La guerre de 1914-1918 vit disparaître douze jeunes hommes. Puis, au lendemain du conflit, la vie reprit ses droits, les mêmes problèmes se posant, qu’il s’agisse du devenir des landes communales, des communications ou de … l’école.

Aperçu général

Bien qu’en 1921  » les bergers propriétaires  » aient adressé une pétition contre l’aliénation des landes communales, en 1923, sous la municipalité Luc Gasteaud (1912-1923) a lieu un deuxième lotissement de ces landes vendues à tous les habitants à condition qu’ils habitent depuis dix ans dans la commune, portant sur environ 2.000 hectares dans les secteurs Gartillot, Gartiou Croutat, landes d’Eyron. Parallèlement de nouveaux fossés d’assainissement sont creusés : Coustane, Roudillouse, par exemple.
La commune garde environ 850 hectares, gérés directement par la municipalité jusqu’en 1940, aménagés et boisés rapidement.


Les recettes dégagées permirent de construire la poste – une recette postale ayant été accordée à la commune en
1925 ;

les chemins sont devenus des routes empierrées puis goudronnées : route de Sérigas, route de Lacanau.

En 1924, avait commencé l’électrification ;


En 1930, c’est l’éclairage public qui est mis en place. Signe des temps, régulièrement, la municipalité remerciait Georges Mandel, député du Médoc, pour ses interventions qui assuraient le versement des subventions.
En 1927, une sage-femme vint s’installer à Saumos ; elle avait tout juste vingt ans, elle venait de Salles et allait
assurer aussi les fonctions de secrétaire de mairie.
En 1938, la visite du général Damade fut un épisode solennel de la vie communale, avec l’élection de Miss Saumos et de ses demoiselles d’honneur !
La population commençait à se transformer, l’exploitation de la forêt réclamant une main d’œuvre de plus en plus importante. Saumos, comme les autres communes du Médoc, offrit du travail à de nombreux Landais, résiniers
de leur état : ils se trouvaient disponibles, parfois à la suite d’un incendie dans les Landes, ou sous l’effet de la forte
natalité caractérisant leur profession par opposition à la faible natalité des propriétaires girondins. Plusieurs ont
fait souche à Saumos tout en conservant des liens avec leurs familles d’origine. D’autre part, par suite de la guerre civile sévissant outre Pyrénées, un certain nombre d’Espagnols sont venus s’installer dans la commune et s’intégrèrent rapidement.
La deuxième guerre mondiale fut marquée par l’Occupation – Saumos fut occupée par une compagnie d’Hindous incorporés dans l’armée allemande, ses restrictions et ses dangers : quand un avion anglais, touché par la
D.C.A. allemande, tombait sur le territoire de la commune, les habitants, et plus particulièrement Mme Jeanne Etcheverry, mettaient tout en œuvre pour faire passer le pilote en Espagne.

Le maréchal Rommel inspectant la section indienne à Lacanau (Wikipédia)

En 1943, un grand incendie à la Raouze détruisit environ 150 hectares de la forêt communale, ce qui permit
par la suite la construction des  » maisons des résiniers « .
Trente ans plus tard, c’était la fin du gemmage : la forêt désormais fournit bois d’œuvre et bois de papeterie par la
pratique des éclaircies.

Entre-temps, Saumos, qui avait accueilli le général de Gaulle en 1961, s’était transformé et avait vu son environnement évoluer.



Après qu’une vague d’émigrés portugais travaillant dans la forêt se fut installée sans connaître de problèmes
d’intégration, en dépit de la construction d’une salle des fêtes après 1966, peu à peu des artisans et commerçants commencèrent à disparaître. Cette lente mais inexorable disparition allait modifier de fond en comble la vie des habitants ; il faut la mettre notamment en relation avec la suppression, à partir de 1962, de la ligne de chemin de fer,
concurrencée par les transports routiers, et son non-remplacement par un transport public de voyageurs (service
d’autobus) malgré la demande du conseil municipal !

Le chemin de fer (1886-1978)

En 1866, le Conseil général de la Gironde avait constaté un grand vide dans l’équipement ferroviaire entre les
lignes Bordeaux-Soulac et Bordeaux-Arcachon et le maire de Lacanau avait proposé une ligne Lesparre – Marcheprime. Puis, la liaison Facture-Belin ayant été réalisée en 1871, on envisagea alors le tracé Lesparre-Saint-Symphorien.
En 1874, intervint la première enquête sur la ligne Bordeaux-Lacanau.
Finalement, la Compagnie des Chemins
de Fer Economiques – filiale de banquiers parisiens – obtint en 1880, par une convention avec le département, la construction de la ligne Lesparre-Saint-Symphorien avec deux embranchements : Bordeaux-Lacanau et Hostens-Beautiran.

Le chemin de fer devait permettre une grande économie sur la construction des routes et le transport des bois
puisque l’exploitation de la forêt avait commencé. Dès 1874, la commune de Saumos avait décidé de céder gratuitement le terrain communal nécessaire à la Compagnie des Chemins de Fer qui dut négocier avec les autres propriétaires.

Ces lignes, commencées en 1880, formaient une partie du  » réseau des landes de la Gironde « . Les rails étaient posés sur des traverses de pin ; un grand atelier de réparation du matériel roulant avait été installé à Lacanau et la gare terminale à Bordeaux était Bordeaux-Saint-Louis. Le tronçon Lesparre-Lacanau fut ouvert le 20 octobre 1884,
celui de Bordeaux-Lacanau en 1886, l’un et l’autre avec des trains mixtes (voyageurs-marchandises). A partir de 1923, la ligne Bordeaux-Lacanau offrit trois aller-retour par jour aux voyageurs et, avec la mise en circulation des premiers autorails dès 1931, le parcours fut réduit à 1 heure 05.
 » Le trafic voyageurs était de deux types, desserte des localités et transport balnéaire bien développé sur Facture
Ares et Bordeaux-Lacanau Océan. Cette station devra la vie au chemin de fer qui transportera les matériaux destinés à
son édification, ainsi que ses premiers estivants. De nombreux trains de «plaisir» à tarif réduit seront mis en marche. Des transports de militaires auront lieu pour le camp de Souge et la base d’aviation d’Hourtin. »

Outre le transport de denrées et matériaux destinés aux localités, le trafic marchandises comporte sur le massif
forestier : du bois, des poteaux de mines vers le port de Bordeaux, des produits des scieries, térébenthine, des transports de grave effectués vers la gare du port de Beautiran, et de pierres à Villandraut. Plus tard, avec l’exploitation de la lignite à Hostens, il a existé un trafic vers l’usine à gaz de Bordeaux par Lacanau. Bien évidemment, les lignes du réseau étaient utilisées au maximum. Par exemple : le bois venant de la région de Mont-de-Marsan était acheminé par
Luxey, Saint-Symphorien, Lacanau vers Bordeaux-docks.
Dès la construction de la papeterie de Facture, d’importants transports de bois ont été effectués jusqu’à la fin de l’exploitation.
 » La région du Bassin d’Arcachon remettait un important trafic d’huîtres (Arès-Andernos). A Noël, des circulations spéciales devaient être assurées « 


Après 1945, avec l’augmentation du trafic automobile et l’absence d’entretien pendant la guerre, le réseau devint de plus en plus déficitaire. Pour les voyageurs, la ligne Bordeaux-Lacanau fut fermée en 1962 ; pour les marchandises, la fermeture intervint en 1978.

Aujourd’hui, grâce à l’action du département, une piste cyclable a remplacé la voie ferrée…

Des chemins aux routes

Saumos n’a jamais été sur une grande voie de communication. Le tracé le plus ancien semble avoir été  » la
voie du Porge à Lamarque « , port considéré comme le débouché normal du trafic – pratiquement inexistant – de Saumos. Les cartes du XVII siècle indiquent :

– le chemin de Lacanau (Mistre) à Saumos, utilisant la route du Hournas (emplacement d’un four à résine ?) par le
Grand Courgas jusqu’au bourg (mais il n’y a pas de chemin vers Lacanau en direction du nord) ;
– un chemin vers Sainte-Hélène – au carrefour, au centre du bourg, se trouvait un puits.
Les chemins de Lacanau vers Le Temple ou Le Porge allaient droit à travers la lande en direction du Bos, sans passer par le bourg ; de même, le chemin du Temple à Sainte Hélène passait en ligne droite, à l’est du village de Sérigas.

Le tracé des voies actuelles a donc été réalisé peu à peu au XIXe siècle.
Dès 1843, Saumos participait à la construction de la route de Saint-Médard à Lacanau, considérée comme importante pour les intérêts de la commune.
Mais c’est surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle que les chemins, souvent tortueux parce qu’ils suivaient
les limites des parcelles, hors des zones de lande, furent tous modifiés pour faire des lignes droites15.
En 1857, a été rectifié le chemin du Porge qui, antérieurement, passait plus à l’ouest. En 1861, ce fut la mise
en route du chemin du Porge à Lamarque.
A partir de 1867, la prise en charge par la commune des chemins vicinaux de Lacanau, de Sérigas, du Grand Courgas, du Petit Courgas conduisit à demander des prestations en nature aux habitants.
En 1869, a été fait le nouveau chemin de Saumos à Lacanau, traversant l’Eyron à Mamic (ce chemin ne
fut gravé qu’après 1928. En 1870, c’est la  » route agricole  » de Marcheprime (ou route du Temple) qui fut mise en
chantier.
Le tracé de la route de Sérigas, allant du bourg à Craste Castagnot, a été refait après 1887 – c’est-à-dire après la
construction de la voie ferrée et de la gare, laissant à droite et à gauche les anciens chemins. La portion parallèle à
la voie de chemin de fer, en prolongement d’un ancien chemin rural, date de 1897.

De ces anciens chemins de terre, constitués d’une levée entre deux fossés dont on trouve des traces dans certaines parcelles forestières, ne subsiste aujourd’hui, dans son état primitif, que le  » chemin du Petit Courgas « , portion nord du chemin du Petit Courgas au Bos (ex Chemin vicinal n° 3).

Ces chemins rectifiés firent ultérieurement
l’objet d’abord d’un gravage, puis d’un goudronnage, selon les nouveaux besoin de la circulation, avant d’être classés
en 1959 en routes départementales ou voies communales.

Soulignons enfin que depuis 1945, de nombreuses  » pistes D.F.C.I. « , entièrement entretenues par la commune et l’Association D.F.C.I., assurent la pénétration en forêt ; mais ces quelque 120 kilomètres, qui permettent une lutte efficace contre les incendies, ne sont pas ouverts à la circulation générale.

L’école et le sport

Au début du XIXe siècle, l’enseignement était peu répandu à Saumos ; le nombre pour le moins réduit de signatures au bas des actes de l’état civil en est la preuve. Seules, quelques familles s’adressaient au prêtre pour apprendre aux enfants à lire, écrite et compter. En 1839,plusieurs conseillers municipaux et tous les plus imposés qui participent au vote du budget ne savent signer. Maire et conseillers maniaient maladroitement la langue française et
tout le monde parlait patois.
La loi Guizot de 1833 avait prévu la création d’une école par commune de plus de 500 habitants. Saumos n’était
donc pas concerné. Cependant en 1843, la commune prévoit trois jours par semaine d’école avec un instituteur assurant l’enseignement pour Le Temple et Saumos. La classe avait lieu dans  » la maison curiale « , c’est-à-dire le presbytère alors en très mauvais état. Le traitement de l’instituteur était en partie payé par les parents, la commune
assurant aussi une part de la rétribution.
En 1851, la commune atteignit 500 habitants. Le conseil municipal demanda donc la nomination d’un instituteur et, en 1852, fut louée dans le bourg une maison qui devait servir à la fois d’école et de mairie. La loi Falloux
lui laissant le choix entre un instituteur laïque et un membre d’une congrégation religieuse, le Conseil municipal choisit de demander la nomination d’un instituteur laïque, d’autant plus qu’en cette année 1852 on comptait sur lui
pour la distribution du courrier !

Ce fut seulement à partir de 1862 que fut envisagée la construction d’une mairie-école : le bâtiment fut réalisé
en 1866, après la première vente de landes, sur le modèle de celui du Pian. Comme il n’y avait pas assez d’habitants
dans la commune pour avoir une école de filles (il en fallait plus de 500), le Conseil municipal opta pour une école mixte. La classe atteignait parfois 70 élèves dont certains scolarisés gratuitement selon la décision annuelle des élus (ainsi en 1868, 8 élèves).

C’est seulement en 1879 (loi Ferry) que l’école devint obligatoire et gratuite pour tous. L’accroissement des effectifs posa bientôt la question du dédoublement que, dans sa délibération du 17 mai 1883, le Conseil municipal refusa … jusqu’à la construction du chemin de fer.
 » Monsieur le Maire donne lecture d’une lettre de Monsieur le Préfet, par laquelle ce fonctionnaire en exposant que l’école de Saumos a été fréquentée en 1882 par 74 élèves des deux sexes, réunis dans le même local et placés sous la surveillance d’un seul maître, trouve en effet que cet effectif est considérable et qu’il y aurait intérêt à tous les points de vue à dédoubler l’école. Monsieur le Maire propose au Conseil de délibérer dans le sens de Monsieur le Préfet en votant la création d’une école spéciale de filles. « 
Le Conseil, après mûre délibération, est d’avis d’ajourner la proposition de Monsieur le Maire jusqu’à ce
que le chemin de fer projeté soit construit, pensant que la commune aura par cette voie, sur les frais des transports
des matériaux, une notable économie « .
En 1884, l’instituteur faisait un cours d’adultes pour diffuser la langue française ; l’emploi du patois, même en cour
de récréation, était strictement interdit pour les enfants. Après 1898, une maîtresse de couture, originaire de
Saumos, fut adjointe à l’instituteur, grâce à des crédits spéciaux du gouvernement ; mais en 1912, le Conseil municipal refusait que l’école – toujours mixte – fût dirigée par une institutrice !
Au lendemain de la Grande Guerre, interviennent de nouveaux changements. La gratuité des fournitures est acquise en 1929 ; en 1930 – il y a alors plus de 40 élèves – la deuxième classe est demandée et mise en place ; la même
démarche est faite à la même date pour la cantine scolaire mais celle-ci ne fut organisée, ainsi que le ramassage scolaire, qu’après le second conflit mondial.
Dans les années qui suivirent la Libération, c’est autour de l’école qu’allait se développer l’activité sportive
grâce au directeur d’école, M. Blanc, créateur et animateur de l’Amicale Laïque. La commune construisit alors,
au Petit Courgas, un terrain de football sur lequel évoluait une équipe comprenant des sportifs de communes voisines,
et un terrain de sport au bourg.
En 1981, la cantine scolaire dut être installée dans la Salle municipale, au premier étage de la Salle des Fêtes,
mais la diminution du nombre des élèves (39 en 1982, 33 en 1986, 25 en 1988) provoqua la fermeture d’une classe en
1989 (il y avait alors moins de 24 élèves), suivie bientôt d’un nécessaire regroupement avec Le Temple avec création d’une classe maternelle.

Crédit photos : Olga Palet (Photographe à Saumos)

Ainsi, Saumos, aujourd’hui, appartient à un certain nombre de syndicats intercommunaux :
– pour l’école, l’entretien des routes, l’écoulement des eaux pluviales, l’électricité,
– pour les ordures ménagères dont le ramassage date de 1973,
– et pour l’eau potable qui commença à être distribuée en 1969.

Simone THORAVAL

Extrait du « Bulletin Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch »

Avec l’aimable et gracieuse autorisation de la famille de Mme Thoraval,
et de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch